Non mais le boulot de ouf, créer un site ! Et pourtant je m’appuie sur un outil clefs en mains. Mais c’est que j’en ai, des choses à y déposer… J’en ai encore pour un gros bout de temps. Alors j’ai décidé d’en mettre un coup là, pendant les vacances, puis d’abonder progressivement les rubriques régulièrement, avec les ressources accumulées sur mes disques durs. Idéalement mon objectif est de l’ouvrir le 28 décembre, car c’est la date anniversaire de mon blog, alors je trouve ça rigolo, mais j’aurais aimé n’ouvrir le site que lorsque toutes les grandes catégories et sous-catégories seront au moins un peu renseignées. Et ça, ce n’est pas gagné…
Bon allez, j’y retourne.
Mais promis, demain je commence à me mettre aux conceptions de formations et de classe de la période 3, et puis j’écris.
Vous êtes nombreux et nombreuses à me demander si tout va bien, car je ne publie plus, ces temps-ci.
Alors tout va très bien : je m’éclate dans mes différents métiers et activités. En particulier, la mission “vulnérabilité scolaire” dont je suis en charge pour l’EAFC de Normandie me passionne. Avec en plus des interventions par-ci, par-là sur des sujets variés en formation ou en médiation, c’est vraiment top. Le petit pois sauteur qui est en moi est ravi. Et puis il y a le dispositif ULIS, qui me nourrit toujours autant et où nous vivons chaque jour de nouvelles aventures.
Si je n’écris plus trop ici, c’est que je mitonne un nouveau Pierre Carrée, sous la forme de site et non plus de blog. C’est long à produire… Très, très long. Mais j’ai un article à publier bientôt sur les probabilités à l’école, suite à une formation. Je vais le poster ici, car si j’attends d’avoir terminé l’architecture du site, nous aurons largement passé 2025.
2026 va être une année de transformations !
À bientôt et bon courage pour la dernière semaine, celle juste avant les congés de fin d’année, pas la plus simple…
Hier, c’était la cérémonie de remise des diplômes.
Dans la chorale qui chantait pour animer l’événement, un élève du dispositif ULIS.
Parmi les élèves qui ont confectionné les objets vendus au marché de Noël, des réalisations d’élèves du dispositif ULIS.
Qui ont reçu leur diplôme, de DNB ou de CFG avec des réussites formidables, tous les élèves du dispositif ULIS qui étaient l’année dernière en 3e. Et leur poursuite d’étude se passe bien.
Dans mon établissement, je crois qu’on peut vraiment parler d’inclusion, grâce à un travail collectif, des équipes enseignantes, non enseignantes, et avec les familles. Ce n’est pas parfait, nous avons encore des progrès à faire, mais tout de même, c’est chouette !!!!!!!!!
Ces jours-ci, on entend beaucoup parler de la convention citoyenne sur les temps de l’enfant : 133 personnes ont été tirées au sort pour réfléchir à la question, sur sollicitation du président de la République. Et il y a manifestement matière à débats.
La question posée par François Bayrou au mois de mai, dans la lettre de saisine, était la suivante :
Comment mieux structurer les différents temps de la vie quotidienne des enfants afin qu’ils soient plus favorables à leurs apprentissages, à leur développement et à leur santé ?
Le choix politique était ainsi de parler des « temps de l’enfant », histoire sans doute de ne pas s’enliser dès le départ dans l’épineuse thématique des rythmes scolaires. Cela me laisse dubitative : c’est tourner autour du pot, à mon sens. D’autant que les temps à structurer sont justement les temps scolaires : le coeur de la question est bien là. Evidemment que les temps scolaires sont à refondre : en fonction des changements actuels de vie, d’outils disponibles, d’organisations familiales et d’environnement, en fonction surtout des besoins des élèves. Si on pensait aux élèves comme des personnes, dont les intérêts priment sur ceux des adultes qui ont envie de partir en weekend ou en vacances, et des professionnels du tourisme qui ont envie d’accueillir les familles le plus possible, ce serait un progrès, et ce serait plus simple. On n’est pas non plus obligés de mépriser les besoins des adultes, évidemment, ni de nier les nécessités économiques. Mais un compromis en faveur des enfants serait tout de même un vrai progrès, et pour cela je pense qu’on peut assumer de parler directement des élèves. Mine de rien, c’est un différence sémantique fondamentale. Cependant de nombreux membre de la convention citoyenne ont exprime leur crainte de la focalisation du rapport sur la question scolaire au détriment d’enjeux transversaux (la lutte contre les violences, l’accompagnement à la parentalité), et c’est peut-être ce que je fais, en effet.
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a donc organisé la convention. Le rapport final a été adopté la semaine dernière, avec 119 voix pour, 2 contre et 4 abstentions. C’est donc un plébiscite parmi les contributeurs. Mais que contient ce rapport ?
La convention a estimé que les temps de l’enfant sont aujourd’hui trop « fragmentés » et « sous-investis humainement et financièrement ». Quant aux temps de l’élève, ils sont à raison jugés « inadapté aux rythmes biologiques des enfants ». Ce n’est pas faute de l’avoir dit au gouvernement lors des dernières modifications en date, propos soutenu par les professionnels médicaux et paramédicaux.
La convention propose donc la semaine de cinq jours dès l’école élémentaire et à partir du collège une amplitude des cours de 9 heures à 15 h 30. Pourquoi pas, mais alors cela va diminuer le temps scolaire : au collège, cela signifie 5×5 heures hebdomadaires maximum. Aujourd’hui nous sommes à 26h sans les options diverses, en comptant la pause méridienne de 1h30. Après tout c’est “juste” une heure de moins, mais au lycée cela me semble difficile à tenir, d’autant qu’il faudrait concentrer les enseignants sur une moindre amplitude (actuellement les enseignants de collège peuvent faire classe sur une amplitude de 32 heures dans mon collège par exemple), ce qui implique des problématiques concrètes de salles et d’emplois du temps. De plus, c’est en imaginant des emplois du temps élèves sans trous, sans permanence, ce qui là encore me semble concrètement très délicat à mitonner. Or on a école pour apprendre. Diminuer le temps scolaire, est-ce une bonne idée ? Une autre proposition est de mettre en place un temps d’accueil échelonné avant les cours pour tous les niveaux. Là encore pourquoi pas, mais cela diminue encore le temps d’apprentissage.
La convention propose aussi de redéfinir le socle commun (qui est l’objet déjà d’un projet de modification) pour inclure des apprentissages pratiques, et d’alléger les programmes et les temps de cours (de 55 minutes à 45 minutes) pour introduire des ateliers de vie quotidienne (comme le bricolage ou la cuisine). Le matin serait consacré aux apprentissages théoriques et l’après-midi à des apprentissages pratiques, artistiques et sportifs. Je comprends l’idée mais je vois là un recul. Va-t-on faire progresser la société française ainsi ? Diminuer les apports académiques signifie aussi diminuer l’accès à l’abstraction, l’accès aux sciences, et j’en passe. L’école est là pour faire s’élever l’individu. Cela constitue une véritable ambition : celle de rendre autonome de pensée. Il faut du temps pour cela, beaucoup de temps. Je reconnais qu’actuellement l’école ne remplit pas suffisamment ce rôle. Mais ce ne sont pas des ateliers pratiques qui vont rectifier ce manque.
La convention déplore que les enfants n’ont pas assez de « vrai temps libre », pour « ne rien faire, pour jouer, rêver, s’ennuyer, discuter, se reposer ». J’ai une idée simpliste : réguler l’accès aux consoles, au numérique en général et ranger les téléphones portables. D’ailleurs la convention propose d’interdire les réseaux sociaux avant 15 ans, mais “avec des réserves”. Comme elle le signale, la santé mentale des jeunes est préoccupante, pour ne pas dire inquiétante. Elle propose de diminuer les devoirs à la maison, « source de souffrance », de « tensions au sein des familles » et vecteurs d’inégalités. Pourquoi pas, en effet. Il faudra tout de même relire les leçons, s’acquitter de travaux qui ne peuvent se faire qu’à l’extérieur, mais ce serait facilement envisageable pour la plupart des tâches. Pas pour les dissertations, par exemple. Interrogeons-nous donc alors sur quelles tâches sont émancipatrices et enrichissantes avant de décider.
Et les vacances ? Aaaah, question épineuse s’il en est. L’idée de raccourcir les congés scolaires a été majoritairement rejetée par les citoyens. Peut-être est-ce dommage… Mais la convention propose de miser sur l’alternance entre sept semaines de cours et deux semaines de vacances, idée soutenue par les chronobiologistes, les organisations syndicales et les associations de parents d’élèves représentés au conseil supérieur de l’éducation. Cela implique des modifications, car c’est incompatible avec trois zones. Il n’en faudrait plus que deux. La convention propose aussi de réinterroger la “reconquête du mois de juin”, que personne n’a jamais constatée, calendriers de remontée des notes et organisation unsinàgazeuse des examens obligent. La convention estime qu’au vu des vagues de chaleur plus fréquentes l’été, allonger la période scolaire n’est pas possible. Cela dit, il faudrait aussi alors réfléchir à mai et juin, qui sont cuisants parfois. On pourrait repenser les locaux, aussi. Cela me semble une absolue nécessité pour l’avenir.
La convention prône la réduction des effectifs dans les classes et la revalorisation des métiers de l’éducation, une meilleure coordination des professionnels et des acteurs, une réflexion sur les transports scolaires, un appui à la parentalité. Tout cela est en effet nécessaire et très important.
Un manifeste a été publié à la suite de la convention citoyenne :
Investir dans l’enfance, c’est bâtir l’avenir. Dans une société qui doit s’adapter continuellement aux rythmes effrénés des changements du monde, nos enfants se retrouvent les premiers à les subir. Il faut changer cela.
Un enfant épanoui et protégé des violences, c’est l’assurance d’un meilleur avenir. Nos 14 millions d’enfants nous rappellent une vérité essentielle : leur épanouissement doit être la priorité absolue. Aujourd’hui, faute de moyens, de volonté politique, de soutien à la parentalité et de considération collective pour les enfants, leurs apprentissages, leur développement et leur santé en sont affectés. Cette situation est inacceptable.
La force de notre convention repose sur les belles différences de ses 133 citoyennes et citoyens qui reflètent la diversité de la société française. L’exercice de la démocratie participative s’apprend et demande des efforts. Grâce à l’enjeu mobilisateur de l’enfance, la cohésion s’est faite.
A nos voix viennent s’ajouter celles des enfants et des autres participants aux ateliers territoriaux, ainsi que celle du panel des jeunes. Nous tenons à souligner la qualité de leurs réflexions et la cohérence de leurs propositions. Ils nous ont confortés dans notre travail. Nous avons également rencontré de nombreux experts et acteurs de terrain : des professionnels de l’enfance, de l’éducation nationale et populaire, de la santé, de la parentalité, de la gestion des territoires… Merci à eux. Ces différentes interventions ont alimenté nos réflexions.
Nous avons discuté, eu des débats contradictoires et avons su trouver des consensus. Notre écoute mutuelle nous a permis d’adopter 20 propositions pour transformer et améliorer le quotidien des enfants. Nos propositions s’articulent avec nos quatre enjeux transversaux. Ce rapport constitue une vision d’ensemble, c’est un tout. Nous ne souhaitons pas qu’il soit réduit à un seul de ses sujets ou qu’on y pioche une unique proposition. Les temps de l’enfant ne doivent plus être morcelés.
Nos propositions sont le fruit d’un travail contraint par le temps. Ainsi, de nombreux autres sujets autour de l’enfance ont émergé de nos discussions et n’ont pas pu figurer dans nos propositions – ils sont également importants et devront mener à des actions concrètes.
Dépassons tous les clivages politiques et les changements de majorité afin de permettre à tous les enfants de grandir à leur rythme. Ce n’est pas une option, mais une nécessité pour eux, comme pour la société tout entière. Nous savons que de nombreux acteurs de l’enfance sont engagés et souffrent du manque de reconnaissance, du manque de moyens financiers, matériels et humains et du manque de coordination. Ils et elles doivent être aidés et soutenus rapidement.
Plusieurs de nos propositions figurent déjà dans des rapports ou ont déjà été évoquées depuis de nombreuses années par des professionnels de l’enfance. Que sont devenus ces apports sur le terrain ? Il est impératif que la prise de premières mesures démontre la volonté profonde d’agir. Nous savons à quel point franchir ce cap apparaît difficile : il est atteignable.
Nous, citoyennes et citoyens de cette convention, avons rempli la mission qui nous a été confiée. Notre rapport ne doit pas être un rapport de plus, nous serons vigilants sur les suites données à notre travail. Nous attendons maintenant de nos décideurs politiques qu’ils prennent leurs responsabilités et prouvent que la politique peut encore être au service du bien commun. Nos enfants – tous les enfants, avec toutes leurs différences – ont des droits, il nous appartient de les défendre.
Prenons soin de nos enfants.
Je suis partante pour tout déconstruire et tout reconstruire différemment. Je partage de nombreux points de vue avec la convention, mais finalement des divergences profondes m’en éloignent, en particulier quant au sens même de l’école. Je crois que j’aimerais un changement plus profond. Plus entier. Plus humaniste.
Je réagis à chaud. Je vais continuer de réfléchir pour me donner l’occasion de bouger mes propres lignes. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, c’est un investissement sincère et un gros travail qu’a réalisé la convention citoyenne, qu’on partage ses propositions ou pas.
Aujourd’hui, nous résolvions un problème de mathématiques. Les élèves avaient le droit à la calculatrice : il fallait opérer par tâtonnements, et mon objectif n’était pas le calcul mais le mouvement vers la recherche, la gestion de l’incertitude.
K était là. Cela fait deux ans que je travaille avec K. Elle est reconnue dyscalculique. Lorsqu’elle est arrivée dans le dispositif, 1+2 donnait des résultats très différents d’une fois sur l’autre, même sur des questionnements à peine espacés dans le temps : elle n’allouait aucun sens au nombre, n’associait pas les mots-nombres aux écritures chiffrées, etc.
Nous avons travaillé dur. Nous sommes entrées par les automatismes, que nous travaillons très très régulièrement. Elle s’implique à chaque heure, sur chaque tâche. Elle connaît ses difficultés, ses besoins. Elle est toujours constructive, curieuse, et en plus souriante.
A un moment donné, ce matin, nous avions presque abouti. Il fallait juste trouver un nombre qui, additionné à 20, donne 250. Un élève claironne joyeusement une proposition : “180 ! Je sais, moi, c’est 180, ça marche.”
Là, K fait non de la tête.
– Tu n’es pas d’accord, K ?
– Non. Ça ne marche pas, 180.
– Pourquoi ?
– 180 plus 20 ça fait 200. Pas 250.
Elle me regarde droit dans les yeux et m’adresse un sourire désarmant.
– Tu vois, tes exercices qu’on fait le matin avec les compléments, bah ça marche.
L’émotion m’a submergée. Pour une fois, je me suis tue. K a réussi à suivre tout le temps de la résolution du problème. Elle a en plus réussi un calcul de tête bien au-delà de 10. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, en me lisant, mais c’est renversant.
C’est magnifique.
Souvent, je dis à K, en lui tapotant d’un doigt le crâne : bin dis donc, y en a, là-d’dans…
Aujourd’hui, Pauline Drapeau, de l’association Sciences ouvertes, est revenue nous voir. Nous avions bien révisé tout ce qu’elle nous avait appris la fois dernière. Cette fois, Pauline nous a mis à contribution de façon très concrète : nous avons semé des graines de lentilles et nous devrons en semer d’autres lors d’autres phases de la Lune. Nous avons aussi semé des graines qui resteront dans le noir, comme plants témoins.
Les élèves ont été top. Il faut dire que Pauline est top.?
C’est le titre d’un livre que j’ai lu il y a déjà quelques semaines, dont Céline Cael et Laurent Reynaud sont les auteurs. L’ouvrage est édité par Ecole vivante, chez Retz.
Céline et Laurent, les auteurs, sont enseignants, l’une en sciences économiques et sociales, l’autre en sciences et vie de la Terre. Ils sont aussi des acteurs des Cahiers pédagogiques. Dans leur présentation, ils expliquent le choc des réformes (et non des savoirs, vu les résultats internationaux de nos élèves), l’épuisement, et le refus de la résignation. Plutôt que de devenir des défenseurs du “c’était mieux avant”, ils ont choisi ensemble de devenir des artisans du “comment ça pourrait être mieux après”. Voilà une démarche intellectuelle qui me parle. On peut appeler ça utopie (mais c’est qu’on a abandonné, en fait), ou se dire que changer, c’est possible, qu’il faut des voix pour porter les idées, des poumons pour garder le souffle, des bras pour déconstruire dans le but de construire autrement, et puis du coeur.
Lorsque j’ai ouvert ce livre, c’était avec gourmandise. Et puis j’ai été déstabilisée, fort. J’ai même eu du mal à poursuivre ma lecture, sur le coup. Je pense que tout est dit dans les premières pages, “pourquoi ce livre” :
Ce que vous tenez entre vos mains n’est ni un roman, ni un essai, ni une utopie, ni un guide pratique. C’est un peu tout ça, sans l’être complètement. C’est un objet frontière pour concilier quatre verbes qui se tiennent bien souvent loin les uns des autres : critiquer, imaginer, agir, penser.
Et si on imaginait l’école de demain ?, page 5
En effet, pas de doute : ce bouquin est un OVNI. Si la multiplicité des types de contenus m’a au départ troublée (narration de moments de vie individuelle, récit à la troisième personne, recueil de propos, le tout avec des illustrations), j’ai poursuivi ma lecture en lâchant prise par rapport à mes représentations littéraires ou documentaires. Et je me suis mise à rêver avec les deux collègues auteurs.
Alors je n’envie pas tout ce qu’ils décrivent. Mais il y a des propositions qui me parlent terriblement, comme le fait d’organiser les regroupements d’élèves par besoins et non par âge, par exemple. J’en rêve depuis longtemps… Cela demande de casser la structure de la classe, mais d’une part c’est déjà fait par la réforme du lycée et en partie au collège par les groupes de besoins, et puis Céline et Laurent proposent un fonctionnement et des aménagements globaux qui pallient le manque de relations stables entre pairs, de repères. D’ailleurs, certains éléments des dernières réformes sont un terreau pour leurs propositions… J’ai particulièrement aimé le regard critique des auteurs, qui permet d’interroger les limites, les dérives éventuelles, les faux semblants du système scolaire qu’ils décrivent. C’est là qu’on évite l’utopie : parce que tous les deux connaissent le système, ils savent aussi quelles bonnes idées peuvent avoir leurs limites une fois mises en application, et comme on détourne rapidement la nouveauté pour retrouver ses anciens repères, parce que changer en profondeur, c’est difficile à l’échelle collective comme à l’échelle individuelle. Ce j’ai moins aimé, ce sont certains éléments de langage (j’aime bien “élève”, moi, parce que ça me renvoie à ‘idée de tuteur, de grandir vers la lumière) ou l’idée de “dissoudre les mathématiques dans les disciplines en construction”, qui nie la spécificité de la discipline dans son rapport à l’abstraction, la rend seulement utilitaire (ce qu’elle est aussi, mais vraiment pas seulement), tendance très en vogue en ce moment. Ce sont des points spécifiques, qui n’équilibrent pas du tout la bouffée d’air qu’apporte le livre.
Tout son intérêt, c’est de proposer une autre école, une vision qui pourrait être concrétisée, qui casse le modèle actuel qui ne fonctionne manifestement pas. Au carrefour de différents courants pédagogiques, mais au coeur de principes tels que l’éducabilité et l’humanisme, nul doute que l’école de Céline et Laurent aurait du sens. Nul doute que je m’y sentirais bien… Ils font le pari de l’humain, du collectif, et non de la sélection et de la compétition. On parle individus et aspirations dans le livre.
Je vous conseille la lecture de Et si on imaginait l’école de demain ?. Ne baissons pas les bras. Luttons pour une société meilleure, plus humaine, portée par une école pour laquelle l’ambition est accrue, associée à une éthique explicite.
C’est la question que Science ouverte pose aux élèves du dispositif ULIS que je coordonne, associant à ce questionnement quatre interventions de deux heures. La première a eu lieu il y a deux semaines, et c’était un franc succès. Depuis, les élèves attendent la suivante. Le mardi est devenu une journée attractive ! Cette semaine, ils ont produit des affichages pour que tout le monde réactive et repose les informations et la problématique de façon claire.
Ils ont aussi listé leurs questions, auxquelles je me suis engagée à apporter des éléments de réponse au cours de l’année scolaire :
Une des collègues AESH qui travaille avec le dispositif ULIS a déniché un ouvrage qui propose une réponse à la question posée : on y lit que puisque la Lune exerce une influence sur l’eau sur Terre (par les marées), elle exerce aussi une influence sur les plantes, en faisant se développer tiges et feuilles en Lune montante, et en faisant se développer les racines en Lune descendante. Que la collègue nous ait amené ce livre est absolument super, car nous allons pouvoir en plus travailler à partir de ses pages, une fois l’expérience menée à son terme !
Mon mari est allé fouiller dans la conférence de Ferdinand Buisson, sur laquelle j’avais écrit après que Claude Lelièvre avait publié un billet, suite à une déclaration de Gabriel Attal. Je trouve son article très intéressant car il montre que Ferdinand Buisson n’était pas non plus un partisan inconsidéré d’un courant ou d’un autre, mais qu’il avait une vision équilibrée de l’enseignement et de l’apprentissage des élèves, humaniste et réfléchie.
La DEPP (statistique publique de l’éducation) a publié ce mois-ci une note (la n° 25.63) relative à l’évolution de la scolarité en milieu ordinaire des élèves en situation de handicap entre 2006 et 2024.
Entre 2006 et 2024, le nombre d’élèves en situation de handicap a été multiplié par 2,4 . Il atteint 563 400 élèves, qui représentent 4,7 % du total des élèves. Leur nombre a été multiplié par 3,2 pour ceux scolarisés en milieu ordinaire alors qu’il n’a augmenté “que” de 4,6 % dans les établissements hospitaliers et médicosociaux. C’est dans le second degré que la hausse est la plus forte : le nombre d’élèves en situation de handicap en milieu ordinaire a été multiplié par 5,6, alors qu’il a été multiplié par 2,2 dans le premier degré. Ces hausses s’expliquent par l’augmentation du nombre d’élèves en situation de handicap, et par l’allongement de la durée de scolarisation des élèves.
En 2024, dans le premier degré, 92,4% des élèves en situation de handicap étaient scolarisés en classe ordinaire à temps complet, et 97,6 % dans le secondaire.
Dans le premier degré et dans le second degré, les troubles les plus fréquemment déclarés chez les élèves en situation de handicap sont, des plus fréquents au moins fréquents, les troubles intellectuels ou cognitifs (en baisse), suivis des troubles multiples (en hausse) et des troubles du langage et de la parole (en hausse). Les troubles du spectre de l’autisme arrivent ensuite, en hausse moins forte.
En diminution depuis 2006, la part des filles représente, en 2024, 29 % des élèves en situation de handicap dans les premier et second degrés.
Les élèves en situation de handicap poursuivent leur scolarité dans le second degré plus longtemps aujourd’hui, mais continuent à en sortir plus précocement que les autres élèves.
L’accompagnement par des AESH a lui aussi augmenté de façon très sensible.
En 2022, 48 500 élèves bénéficiaient d’un matériel pédagogique adapté pour les aider dans leur scolarité. Depuis 2008, l’octroi de ces matériels dans le premier degré diminue progressivement, pour atteindre 3,7 % en 2022, soit une baisse de près de moitié en cinq ans. Dans le second degré, c’est plus irrégulier dans le temps.
Ce sont plutôt de bonnes nouvelles, tout cela. Que le nombre et la part des élèves en situation de handicap augmente de façon importante en milieu ordinaire, que le taux d’élèves scolarisés à temps complet croisse, c’est vraiment encourageant, et cela va dans le sens de la justice, de l’inclusion. Je comprends bien pourquoi cela pose des difficultés à des nombreux collègues : c’est un gros changement, qui demande des adaptations professionnelles importantes, parfois profondes. Mais que nous devions modifier nos pratiques est normal, si c’est pour permettre à des enfants qui n’avaient pas la possibilité de suivre leur scolarité d’une façon adaptée et la plus ordinaire possible. Nous vivons un moment charnière. L’objectif est de faire société, de permettre de préparer les jeunes à être des citoyens, à être autonomes dans leur vie, autonomes de pensée, à connaître les codes divers nécessaires à la vie en société, de développer la tolérance, l’entraide, l’acceptation de l’altérité, chez tout le monde. Sinon, on abandonne des personnes, vulnérables d’une part, en construction d’autre part.
Cela ne signifie pas non plus que tout va bien : des enfants demeurent éloignés de l’école, des élèves restent scolarisés d’une façon si mal adaptée qu’ils souffrent ou décrochent, dans encore un trop grand nombre d’écoles et d’établissements du second degré il manque des AESH. D’autre part, côté personnels, les AESH perçoivent un salaire bien trop faible, et tous les acteurs de l’école inclusive manquent de formations. Or la CUA/CUE, ça urge, et il existe des outils de formation et des outils professionnels qui sont en mesure de faire avancer tout le monde. Mais comme la formation est encore plus réduite qu’avant, dans des conditions qui la rendent non attractive (les temps de formation hors temps scolaire, la rémunération des formateurs zen baisse constante…), elle ne se diffuse pas bien. Même si des outils existent en distanciel, les enseignants restent attachés à l’accompagnement de collègues formateurs.
Ainsi, on progresse. mais nous pourrions collectivement encore mieux faire, dans de bien meilleures conditions, et pour cela nous avons besoin de l’appui de notre ministère.
Ils coûtent nettement plus cher qu’avant, zut. Mais j’ai encore les précédents miroirs cylindriques, et ils “fonctionnent” toujours, depuis des années.
J’ai choisi les premiers car ce sont ceux que j’ai depuis longtemps, justement. Ils avaient disparu des références d’Amazon et sont réapparu.
Ensuite, zou :
La taille des miroirs permet d’avoir un babas suffisant pour bien coller sur une partie du miroir lui-même, et d’être haut. Le miroir n’est pas “porté” par le rouleaux en carton sur la partie supérieure, mais cela n’a pas d’importance.